Maison, sucrée maison

le blog de tataiza

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Rien à voir...

J'avais dit quand j'ai lancé ce blog que je parlerai de ce qui me passionne... bon actuellement beaucoup la cuisine, mais aussi de la musique, qui tient une grande très grande place dans ma vie.

Ceux qui auront fait l'effort de lire parfois la liste de (quelques uns) de mes morceaux préférés auront sans doute remarqué quelques titres du groupe ... comment dire... enfin bref, c'est justement le sujet de ce post, de Noir Désir donc.

J'ai envie d'écrire sur ce blog quelques mots qui me pèsent fortement depuis 2 ans.

J'ai juste envie de vous dire comment moi, j'ai réagi.

Je n'ai pas 18 ans, je ne suis pas une "fan" de Noir Désir... j'aimais ce qu'ils faisaient, j'ai adoré certains titres, je me sentais de plus en plus proche de leur musique avec le temps, particulièrement proche de Bertrand Cantat donc, leader et surtout auteur des textes du groupe. C'est tout, mais la tragédie que l'on sait m'a bouleversée au delà de ce que j'aurais pu imaginer.

J'en ai été étonnée, épouvantée... qu'est ce que ça pouvait bien me faire à moi, l'histoire terrible de ces gens que je ne connaissais pas ?

Et bien justement, deux ans après, je peux l'analyser posément : Bertrand était un proche, un ami. Voilà exactement ce qui s'est passé pour moi. C'est le Monde je crois qui a employé (je n'en suis pas sûre), cette expression de "proche intellectuel" pour essayer d'expliquer le désarroi du public de Noir Désir. Je m'y reconnais complètement.

C'était donc un "ami" intellectuel. Quelqu'un à qui l'on s'attache, dont on connaît (on croit connaître) ce qu'il est, ses émotions, ses valeurs.

Essayons d'imaginer, si Bertrand était un ami, un vrai, qu'éprouverais-je ? ça. Exactement. Une tristesse, un effroi, une épouvante en pensant à ce qu'il a fait (entendons nous bien, le deuil que doit affronter la famille et les amis de Marie Trintignant ne me parait pas plus léger, loin de là, je trouve cette histoire abominable, simplement ce n'est pas de ça que je parle),... mais aussi... de la compassion, de la nostalgie...et puis il me manquerait...

Et bien c'est ça que j'éprouve. En amoindri bien sûr, les vrais proches de Bertrand Cantat souffrent bien sûr "en vrai", alors que moi, j'y pense de temps en temps.

Mais tout de même.

Tout ça est guidé, est né de l'amour de leur musique, de l'émotion que j'éprouve à écouter ces titres, ceux que je préfère et les autres... J'y entends ce que je suis et ce que sont les miens, ce qui nous a construit et ce à quoi nous avons rêvé, ce à quoi nous croyons.

L'un des nôtres a commis l'irréparable, l'impensable. L'un des nôtres paye en prison pour cette faute immense.

Pour autant le rock, les intermittents, les alter-mondialistes, tout ceux qui cherchent une autre voie, ne doivent pas porter cette faute. Pour autant Marie Trintignant n'avait pas à devenir l'icône de tous les défenseurs des femmes battues, et Bertrand Cantat l'archétype de l'homme à abattre. Tout cela est faux, fabriqué, tout cela est de l'intox, tout cela n'a rien à voir avec la musique en tous cas.

Alors la semaine dernière est sorti le live de la dernière tournée de Noir Désir. Je voulais partager avec vous l'émotion que je ressens ce matin à écouter ces titres, ma tasse de thé dans la main, dans ma maison inondée de soleil.

Soyons clairs, je ne souhaite pas ici ouvrir une discussion polémique à deux francs comme il y en a eu des milliers à l'époque, surtout pas une discussion pour ou contre Bertrand Cantat. Je voulais raconter ce que moi j'ai ressenti, et je détruirai impitoyablement les messages qui chercheront à démarrer une polémique oiseuse.

Ecrit par iza le Mercredi 28 Septembre 2005, 09:51 dans "Actualités" Version imprimable

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Commentaires

saveurs sucrees salees - le 28-09-05 à 11:03 - #

Tu as mis des mots sur mes pensées ! Et je ne veux rien rajouter à ce que tu as écrit...Je crois que tout a été dit.


Tout pareil!

CelineCook - le 28-09-05 à 16:01 - #

J'ai passé mon adolescence à Bordeaux, alors comme tout le monde là-bas je suis fan de Noir Déz, et ai ressenti la même chose...

Ce que j'ai entendu de l'album me plaît, comme avant!


brigitte - le 28-09-05 à 19:12 - #

Merci à toi d'avoir ecrit si simplement tes sentiments sur ton "ami"; merci aussi et surtout de la confiance que tu nous témoignes.

L'amitié c'est bien ainsi que je le la pratique, parler de l'absent pour qu'on ne l'oublie pas.


Nettah - le 28-09-05 à 19:38 - #

J'ai aussi été très touchée par cette histoire. J'aimais et aime toujours ce groupe. J'aimais beaucoup Marie Trintignan, l'actrice, elle dégageait une grande profondeur...Pourquoi en faire l'icône des femmes battues? Leur histoire est celle de deux artistes...L'horreur et l'irréparable est arrivé et on ne peut pardonner le geste de Bertrand Cantat et de toute manière ce n'est pas à nous de le faire. Mais je ne peux m'empêcher d'aimer encore et toujours leur dernier album, d'être touchée par le titre "le vent nous portera" et d'éprouver une tristesse en voyant Marie à l'écran.


pocah - le 06-10-05 à 16:38 - #

Effectivement cette histoire est triste, et la façon dont tu la racontes est très touchante... merci d'en avoir parlé


Lili bellule - le 14-10-05 à 13:58 - #

Moi aussi j'adore noir désir et je me reconnais dans leurs textes, leurs prises de position et les valeurs véhiculées dans leurs chansons... alors, moi aussi le drame qui s'est joué à vilnus m'a laissé complètement effondrée... Comment Bertrand a-t-il pu commettre l'irréparable? qu'est-il arrivé ? Comment BErtrand qui est connu pour être non-violent a-t-il pu arriver à frapper Marie TRintignant jusqu'à causer sa mort? je n'ai pas trouvé toutes les réponses car je n'étais pas présente sur les lieux et seuls Bertrand et Marie connaissent la vérité... toujours est-il  j'ai lu le livre mort à vilnus qui confirme que la version qu'a donné Bertrand du début à la fin n'a pas bougé d'un point, il n'a jamais cherché à minimiser son geste... Je reste aujourd'hui encore pleine d'admiration pour l'artiste et malgré ce geste incompréhensible je crois toujours en ce grand homme et en ces valeurs... comme je resterais fidèle à mon frère si par malheur il commettait l'irréparable... je n'excuse pas ce geste mais je ne rejètte pas l'homme... il paie pour ça... et il paiera toute sa vie car sa peine sera toujours présente et il doit être très dur de vivre avce ça...


Anonyme - le 15-10-05 à 15:50 - #

Tout est bien exprimé ici.  Merci de l'avoir dit.

Tarzile


florence - le 19-10-05 à 22:41 - #

pas de commentaire. juste que je pense bcp à ceux qui font que ce monde peut bouger.


iza - le 20-10-05 à 09:03 - #

Je ne suis pas sûre de bien comprendre le sens de ton commentaire mais ta réflexion m'en inspire une.

Je pensais hier qu'effectivement, je dépense par exemple une certaine énergie dans ce blog pour partager... des petites choses, des petites choses de la vie parfois futiles, parfois un peu moins ( parce que je pense sincèrement que regarder attentivement ce qu'on a dans son assiette, dans son placard, sur son dos, est déjà une attitude citoyenne. Pour autant, cette activité est très certainement nombriliste, dérisoire et peu adaptée à l'urgence que nous vivons en réalité, à l'état du monde pour lequel, il faut bien le dire, je ne fais rien.

Pourtant, je crois que, modestement nous participons à la seule révolution qui peut avoir des chances de changer un jour les choses : celle de l'intelligence, de l'esprit. La façon dont nous correspondons, dont nous faisons connaissance, dont nous nous faisons confiance, est en soi, une révolution, commencée il y a déjà un certain temps, mais qui se généralise, explose, se répand petit à petit.

Nous même ne savons où tout cela peut aller mais déjà, rien n'est plus comme avant. L'information ne circule plus de la même façon, la blogosphère, plus encore que les outils précédents, tend à s'imposer comme une "contre source d'informations", comme un vrai contre-pouvoir face aux médias.

Chacun d'entre nous dispose de l'extraordinaire possibilité de se constituer une audience, de faire du prosélytisme, de plaider pour une cause, de faire valoir aux yeux du monde sa façon de voir les choses, ses idées pour lutter, ses propositions.

Alors certes, quand je pense à cet exorbitant pouvoir, à ces possibilités extraordinaires que la militante de l'éducation populaire que je suis ne rêvait même pas...je me dis que j'en fais un usage bien médiocre...

Peut être..

Peut être aussi que nous expérimentons. Qu'en partant de ce que nous aimons, de cette sécurité, nous apprenons tout simplement à nous servir de ces outils (parce que tout le monde n'a pas la trempe d'un militant éloquent, d'un révolutionnaire).

Peut être que de cet apprentissage, de cet échange, sortiront des choses qui contribueront à rendre le monde meilleur. Du moins c'est la sensation que j'ai.

Que nos mots, nos petits échanges, nos petites douceurs, le soin que nous mettons à nous découvrir, à correspondre...c'est de la petite dentelle de lien social, des petites choses précieuses qui fabriquent le monde de demain.

Et quand je lis le travail de Raffa, de Blue, de Hooly, de Cléa, de Anne... et des autres encore, de ceux vers lesquels ces lectures m'amènent, je me sens profondément transformée... ma conscience politique se réveille, de plus en plus. Mes convictions personnelles se trouvent revivifiées, enrichies, dépoussiérées...merci à vous...

Dans tous les cas ton message me parle, il me dit qu'il faut que je créé une autre catégorie dans ce blog (ou une annexe, comme Anne), parce que peut être est il temps de dire parfois autre chose effectivement.


Re:

Lili bellule - le 21-10-05 à 22:14 - #

Iza, j'ai comme toi conscience que nos blogs pourraient nous servir à faire passer 100 000 autres messages... en ces temps difficiles où les valeurs de liberté, égalité, fraternité ne sont plus que pure utopie, j'aurais moi aussi envie de me battre pour faire partager mes convictions et peut être faire bouger un peu les choses en réveillant les consciences!!!


mighe - le 29-10-05 à 22:12 - #

"Comment cela s'appelle-t-il, a demandé une femme, quand le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et qu'on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève.

- Cela a un très beau nom, lui a répondu un mendiant, cela s'appelle l'aurore.

Electre de Giraudoux

Iza : waou... le mystère s'épaissit... mais quelle visite interessante ma foi !


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